Soutenance de thèse Perrine SIGIUER "Variantes atypiques des maladies neuroévolutives cognitivo-comportementales : caractérisation neuropsycholinguistique & lien avec les troubles du neurodéveloppement"

Publié le 15 novembre 2025 Mis à jour le 15 novembre 2025
le 10 décembre 2025
14h
CHU Purpan, Pavillon Baudot, Salle de conférence (1er étage)
Composition du jury:
Prof. Robert LAFORCE, Reviewer, Québec University Hospital
Prof. Vincent PLANCHE, Reviewer, Bordeaux University Hospital
Dr. Lucie BOUVET, Examiner, Toulouse Jean Jaurès University
Prof. Jonathan ROHRER, Examiner, University College London
Prof. Mélanie Planton, Invited member, Toulouse Jean Jaurès University


Résumé: La maladie d'Alzheimer (MA) et la démence fronto-temporale (DFT) sont classiquement et respecti vement caractérisées par dessymptômes mnésiques et comportementaux. Toutefois, leurs manifestati ons initi ales peuvent être atypiques, comme dans le cas des aphasiesprimaires progressives (APP).
Les APP sont un groupe de syndromes neuroévolutifs marqués par l’altérati on prédominante et relati vement isolée du langage. Les critèresdiagnosti ques de référence en disti nguent trois variantes, mais échouent à classifier 6 à 41% des cas d’APP. De plus, au cours des deux dernièresdécennies, une série de publicati ons a révélé que ces variantes formeraient un conti nuum, plutôt que des catégories exclusives. Le premier objecti f de cette thèse était de démontrer la pertinence d'une approche transdiagnosti que et multi dimensionnelle, plutôt que catégorielle, desAPP. L’originalité de cett e première étude rétrospecti ve repose sur l’applicati on d’une analyse de profi ls sur le métabolisme cérébral de 139individus. Si les résultats corroborent la perti nence des critères diagnosti ques de référence, ils montrent également qu’une approcheindividualisée rend mieux compte de la réalité clinique des APP.
De plus, la survenue de la MA et de la DFT sous la forme d’APP ou d’autres variantes atypiques ne s'explique pas uniquement par des processusmoléculaires. Des facteurs individuels, comme les troubles neurodéveloppementaux (TND), pourraient également être impliqués. Le deuxièmeobjecti f de cett e thèse était d'explorer la relati on entre les antécédents de TND et l’ensemble des présentati ons cliniques de la MA/DFT. Cett eproblémati que a fait l’objet d’une scoping review systémati que publiée. Ses conclusions ont moti vé l’investi gati on de 85 parti cipants sanstrouble cogniti f et de 84 parti cipants avec une MA ou une DFT, recrutés prospecti vement et consécuti vement au Centre Mémoire de Ressourceset de Recherche du CHU Purpan de Toulouse. Les résultats des deux études exploratoires résultantes sont globalement en faveur de l’infl uencedes TND sur le cours des maladies neuroévoluti ves cogniti vo-comportementales. Plus précisément, une vulnérabilité neurodéveloppementaleserait associée à un début précoce de la MA et de la DFT. Ces études soulignent en outre l’intérêt d’une approche dimensionnelle des TND pour étudier leur impact sur la MA et les maladies apparentées.
L’existence de facteurs de vulnérabilité impliquant celle de facteurs protecteurs, une contribution expérimentale rétrospective et préliminaire a par ailleurs visé à évaluer l’influence du bilinguisme sur la DFT généti que. Ainsi, des individus monolingues (n=81) ou bilingues (n=14),symptomati ques et porteurs de mutati ons, ont été comparés. Ces individus étaient issus de la base de données de l’initi ati ve pour la démence fronto-temporale génétique (Genetic Frontotemporal dementi a Initi ati ve, GENFI). Les résultats de cett e explorati on ne sont pas en faveur d’uneinfl uence majeure du bilinguisme sur l’âge et le type des premiers symptômes exprimés, mais nécessitent d’être répliqués dans un plus grandéchanti llon.
Au total, ces cinq contributi ons sont autant d’arguments pour l’adoption d’une approche syndromique dimensionnelle et « vie enti ère », dans un contexte clinique comme en recherche. Leurs perspectives comprennent des investigations alliant neuropsycholinguistique, neuroimagerie, génétique et physiopathologie, afin de mieux appréhender les déterminants des trajectoires neurocognitives.