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Conférence Sandrine Ferré (MCF-HDR; Inserm U1253, iBrain; Université de Tours) "Complexité syllabique et déficit phonologique en développement typique et atypique"
Publié le 14 juillet 2022 – Mis à jour le 22 mars 2023
le 9 septembre 2022
10 h
Maison de la Recherche, salle E412La complexité phonologique peut être définie de différentes façons d’un point de vue théorique ou bien sur des bases empiriques, notamment à partir de données d’acquisition langagière en contexte typique ou atypique. Confronter les deux méthodes est un défi parce que complexité ne rime pas toujours avec difficultés. D’autres variables comme la marque (ou fréquence d’apparition dans une langue) ou encore la présence d’une autre langue ou d’un déficit sensoriel chez un enfant entrent en jeu dans les productions observées.
Du point de vue théorique, la complexité phonologique s’exprime au niveau de la structure syllabique, mais aussi des segments qui peuvent y être associés. Parmi les différentes structures identifiées comme complexes par les modèles théoriques, que ce soit de par leur caractère facultatif, marqué ou du poids structurel qu’ils impliquent, une structure en particulier est apparue dans nos travaux comme vecteur de difficultés récurrentes chez les plus jeunes enfants en premier lieu, puis comme révélateur de difficultés persistantes chez les enfants présentant un trouble du développement du langage (TDL). La coda, élément facultatif de la syllabe, pourtant fréquente en français, (e.g. /pa ʁ .ti/) est source de difficultés phonologiques à partir de 4 ans. Cet indice du trouble a permis de mettre en évidence des déficits structurels de la forme sonore en développement monolingue et bilingue, mais aussi en contexte de développement atypique, chez des enfants atteints d’autisme ou de surdité. Avec un objectif diagnostique, un test de répétition de non-mots (LITMUS-QU-NWR-FR, Ferré & dos Santos, 2015) à destination des enfants monolingues et bilingues, adapté depuis dans de nombreuses langues, a été conçu au sein d’un réseau européen. Cet outil a aussi été réduit et adapté pour les passations auprès d’enfants avec autisme ou atteints de surdité. Les premiers résultats des versions adultes et pour tout-petits sont encourageants et laissent penser que le poids de la complexité syllabique peut être utilisé pour détecter un déficit phonologique tout au long de la vie. Afin de comprendre le traitement cérébral de cet élément de complexité phonologique, un autre outil a été développé avec M. Gomot (BRPC, David et al., 2020). Il a permis de différencier les enfants avec trouble des enfants sans trouble, qu’ils soient normo-entendants ou non. Une réponse cérébrale, la Late Discriminative Negativity (LDN), a été identifiée comme étant sensible à la complexité phonologique. L’analyse conjointe des résultats électrophysiologiques et phonologiques a permis de mettre en évidence chez les enfants sourds qui présentent des difficultés langagières un déficit cérébral de traitement de la complexité phonologique, à côté d’anomalies de traitement spécifiques à la surdité.
Ces travaux auprès d’enfants au développement atypique présentant un déficit phonologique ont permis d’initier un questionnement autour des interfaces avec d’autres domaines, tels la mémoire, la morphosyntaxe et la prosodie, mais également de chercher à comprendre l’hétérogénéité des profils des enfants au développement atypique.