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Soutenance de thèse Ekaterina TIULKOVA "Le développement bilingue harmonieux chez les enfants franco-russes âgés de 5 ans: exploration des relations mutuelles entre l'input, le bien-être et la fluence en production orale"

Publié le 23 septembre 2024 Mis à jour le 7 novembre 2024
le 30 septembre 2024
9h
Maison de la recherche, D29
Résumé :
Cette étude explore le Développement Bilingue Harmonieux (DBH), qui caractérise les familles dont le bien-être n’est pas négativement affecté par le contexte linguistique (De Houwer, 2006, 2015, 2020). Suivant un cadre proposé sur l'Expérience du Bilinguisme Harmonieux (EBH) (Sun, 2023), cette recherche vise à discerner la relation entre les facteurs d'input, le comportement social et affectif (CSA) des enfants bilingues et leurs compétences langagières. Bien que l’input joue un rôle majeur dans le développement bilingue (De Houwer, 2018b ; Unsworth, 2016b), il est crucial d’étudier la quantité et la qualité de l’input (Meisel, 2017) nécessaires pour favoriser un bilinguisme harmonieux. Le DBH et l’EBH nécessitent une exploration approfondie en raison des expériences bilingues uniques. Cette recherche examine également la relation entre les attitudes langagières des enfants et leur CSA. Les données des parents et des enfants ont été collectées en France pendant la pandémie de Covid-19, résultant en un corpus sur 50 enfants bilingues franco-russes de 5 ans (FRuBiC). Deux types de jeunes bilingues ont été recrutés, selon l'âge de la première exposition au russe et au français (De Houwer, 2009) : Type 1 — l’acquisition simultanée de deux langues premières (2L1), avec exposition aux deux langues dès la naissance (n = 38) ; Type 2 — l’acquisition précoce d’une deuxième langue (L2P), avec exposition à une langue dès la naissance et à une deuxième langue entre 1 ;6 et 4 ans (n = 12). Dans ce travail de thèse, nous présentons les résultats pour les enfants 2L1 (n = 37). Les questionnaires parentaux et le journal d'activité (Gagarina et al., 2010 ; De Houwer, 1999, 2002, 2018a) ont évalué les attitudes parentales envers l'éducation bilingue, l'exposition courante (EC) des enfants au russe langue non-sociétale (LNon-Soc) et la qualité de l’input en russe (e.g., les locuteurs, les activités, les médias, la lecture). Le questionnaire sur les points « forts et faibles » (SDQ, Goodman, 1997) a été utilisé pour évaluer le CSA des enfants selon leurs parents. La compétence langagière des enfants a été déterminée sur la base de mesures de la fluence de production (De Jong, 2013 ; Kahng, 2014 ; Tavakoli, 2016) dans chaque langue (e.g., durée moyenne des syllabes, longueur moyenne des séquences, emplacement des pauses et nombre de disfluences par minute) obtenues grâce à une tâche de récit d'images (Tiulkova, 2017). Les attitudes des enfants bilingues étaient basées sur leur affection pour les deux langues et les auto-évaluation de leur compétence bilingue (TALES@home, n.d.). À l’aide de la classification ascendante hiérarchique, les profils familiaux soutenant le DBH ont été identifiés. Nous avons constaté que la quantité de l’input en russe, mesurée par l'EC, ne corrèle pas directement avec le CSA. Cependant, avoir moins de 30% d'EC au russe par semaine semble insuffisant pour atteindre le DBH. En outre, notre étude suggère que participer à au moins une activité extrascolaire en LNon-Soc, telle qu’une « école russe » du samedi, associée à la croyance en l'impact parental, correspond à un profil familial expérimentant davantage de DBH. En ce qui concerne les mesures de la fluence de production en russe et en français, nos résultats suggèrent que les enfants avec une plus grande quantité d'input en russe produisent des phonations plus longues en termes de syllabes par séquence, utilisent moins de pauses remplies et d'autres disfluences dans cette langue. Cependant, le degré d'EC au russe n'était pas lié à la fluence en français. Nos résultats confirment l'importance de la quantité et de la qualité de l’input. En outre, cette étude souligne la connexion entre les attitudes langagières des enfants et leur CSA. En faisant progresser notre compréhension du DBH, notre recherche plaide pour le soutien des langues non-sociétales et la promotion d'un environnement linguistique inclusif, bénéfique pour le bien-être socio-émotionnel des enfants bilingues.

 
Mots-clés : input, développement harmonieux bilingue, fluence de production, bilinguisme précoce, bilinguisme franco-russe, acquisition des langues

 
Composition du jury :
M. Mehmet-Ali AKINCI
Professeur des universités
Université de Rouen
Rapporteur
Mme Emmanuelle CANUT
Professeure des universités
Université de Lille
Rapporteure
Mme Andrea YOUNG
Professeure des universités
Université de Strasbourg
Rapporteure
M. Bernhard BREHMER
Professeur des universités
Université de Constance
Examinateur
Mme Anna GHIMENTON
Professeure des universités
Université de Grenoble
Examinatrice
Mme Barbara KÖPKE
Professeure des universités
Université Toulouse II Jean Jaurès
Directrice de thèse
Mme Vanda MARIJANOVIĆ
Maîtresse de conférences
Université Toulouse II Jean Jaurès
Co-directrice de thèse